Article n°3 : faire l’amour après une dispute, bonne ou mauvaise idée ?

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Le ton monte, les âmes s’échauffent, on n’est pas d’accord, on est en colère, on est triste, on dit des choses qui dépassent notre pensée, on trouve que l’autre est nul.le, qu’il ou elle ne comprend rien : c’est la DISPUTE. Parfois, en plein conflit, ou juste après, on se retrouve au lit ou ailleurs pour un rapport sexuel tendre ou passionné. Sur le papier, ça n’a aucun sens : mais qu’est-ce que notre cerveau nous veut ? Est-ce que c’est normal ? Est-ce que c’est une bonne idée ? Est-ce que faire l’amour, c’est abdiquer ?

Dispute, n.f :

Échange violent de paroles (arguments, reproches, insultes) entre personnes qui s’opposent.

Rassurez-vous, le sexe post-dispute est une pratique répandue étant donné qu’elle est tout à fait naturelle.

Non, vous n’êtes pas branché.e à l’envers.

Non Sam. Pour une fois, tu as tort.

Peur, colère, désir sexuel : même combat ?

Lorsqu’on y regarde de plus près, la peur, la colère et le désir sexuel ont de nombreux points communs :

  • Le rythme cardiaque s’emballe,
  • Le raisonnement peut être biaisé car ce sont les zones réflexes qui prennent la relève,
  • Le taux d’adrénaline monte en flèche,
  • L’attention augmente,
  • La transpiration peut faire son apparition,

Face à ces réactions communes, il arrive que notre cerveau décide tout bonnement de switcher de la colère ou de la peur au désir sexuel. Ce phénomène s’appelle le transfert d’excitation.

Une étude menée en 1974 par les psychologues Donald Dutton et Arthur Aron ont permis de démontrer ce qu’ils appellent la Misattribution of arousal ou la théorie de l’attribution erronée.

Misattribution of arousal, Donald Dutton and Arthur Aron

Les compères ont scindé les participants en deux groupes : les uns devaient rejoindre une femme inconnue, chargée (secrètement) de donner son numéro au milieu du vieux pont suspendu de Capilano (on parle d’un pont branlant à 70 mètres d’altitude au-dessus d’un fleuve). Les autres devaient se soumettre au même exercice mais au milieu d’un tout petit pont, qui en plus d’être à moins d’un mètre du sol, était moderne et solide.

Parmi les participants qui se trouvaient en haut du pont vertigineux, 50% d’entre eux rappelleront la belle inconnue, contre 12% pour ceux qui avaient emprunté le petit pont solide. Par cette expérience aussi curieuse qu’excitante, Donald Dutton et Arthur Aron ont prouvé que lorsque la peur (et l’adrénaline) sont présentes, nos sens sont en éveil. Qui dit sens en éveil, dit sensibilité, attention et excitation accrues.

Quand le cerveau en a ras le bol de s’engueuler

Lors d’un rapport sexuel (satisfaisant bien sûr), on a droit à tout un tas d’hormones (oui, même sans orgasme) qui nous font du bien. Comme par exemple la dopamine ou l’ocytocine. Notre cerveau apprend et associe donc la sexualité à un état de bien-être.

L’état que votre cerveau recherche

Selon ses branchements, il peut avoir tendance à aller chercher ces bonnes ondes afin de quitter l’état désagréable de la dispute dans lequel on se trouve. L’objectif ? Rejoindre un état positif d’apaisement, de puissance ou encore de sécurité.

En somme, le cerveau en a marre de s’engueuler, de recevoir l’hormone du stress, la cortisol, des petites décharges nerveuses et même de perdre un peu le contrôle. Il décide tout simplement de passer de l’autre côté de la barrière, où l’herbe parait bien plus verte. Et c’est un phénomène normal. C’est même un réflexe sain.

Sexe post-dispute : restez tout de même sur vos gardes.

Comme vu ensemble, le sexe après une dispute peut faire beaucoup de bien et constitue une manière naturelle de « résoudre » le conflit via un moment passionnel et amoureux très puissant, ou simplement réconfortant. Cependant : cela ne doit PAS être systématique.

Parce que :

  • Proposer du sexe après une dispute peut être un mécanisme de protection, voire de soumission inconsciente : « je ne supporte pas cette dispute avec toi, je moffre à toi en échange de l’arrêt du conflit« ,
  • Le sexe post-engueulade ne doit pas constituer un moyen de couper court à une discussion ou à un débat que l’on met sous le tapis et qu’on laisse non résolu,
  • Notre cerveau ne doit pas associer la dispute à la sexualité, au risque de déclencher des disputes artificielles pour accéder à un rapport sexuel,

Comme nous le disions plus haut, notre cerveau apprend vite, et parfois bêtement : si dispute = sexe et que sexe = bien-être, alors pourquoi ne pas passer par l’étape dispute pour atteindre le sexe et le bien-être ? Méfiez-vous de ce petit polisson.

Vous ne comptiez pas vous en tirer comme ça ?

Pour conclure, le sexe post-dispute est un phénomène naturel dont vous pouvez profiter sans culpabilité. De plus, avec un tel état hormonal et d’attention accrue, vous risquez de passer un très bon moment. Il ne faut juste pas que cela devienne un réflexe.

Et attention, si à l’instar de l’amour, une bonne partie de sexe peut rendre aveugle, n’oubliez tout de même pas de remettre le sujet (s’il en vaut le coup et que ça compte pour vous) sur la table. De manière apaisée et constructive, toujours.

Allez, à très vite, et arrêtez un peu de vous disputer !

Diane Deswarte, sexologue et fondatrice du Club Kamami.

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