Article n°1 : être sexologue, c’est quoi au juste ?

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Sexologue est un nouveau mot que l’on entend de plus en plus. Instagram, Sex Education sur Netflix, puis la télévision, la radio, les podcasts. Il y a encore quelques années, lorsque je disais que je me formais pour être sexologue, j’ai entendu toute sorte de chose (plus abracadabrantes les unes que les autres d’ailleurs). Faisons donc le point sur ce qu’est la sexologie, ce qu’est être sexologue et tutti quanti.

Jane Milburn Sex Education, sexologue

Sexologue vs Médecin Sexologue

Pour vraiment saisir ce qu’est un.e sexologue, il faut commencer par comprendre que c’est un peu compliqué.

En effet, en France, la sexologie n’est pas réellement reconnue (par l’état) à ce jour. Du coup, c’est un peu le chaos dans les terminologies, et dans les formations aussi d’ailleurs. Légalement, tout le monde peut se déclarer sexologue, c’est un peu comme le titre de thérapeute. Mais tout le monde n’est évidemment pas sexologue. En réalité, il y a deux grandes catégories :

  • Les médecins sexologues
  • Les sexologues non médecins

Les médecins sexologues ont suivis des études de médecine, et en plus de leur spécialité (gynécologue obstétricien.ne ou andrologue par exemple), ils ajoutent à leur cursus une formation que l’on appelle un DIU (diplôme inter-universitaire), le diplôme inter-universitaire de sexologie est le seul qui est reconnu par l’ordre des médecins. Ces médecins sexologues ont, en général, une approche qui se concentre sur l’aspect physiologique, physique de la sexualité et ils sont en capacité de prescrire des médicaments si besoin.

De l’autre côté, les sexologues non médecins ou sexothérapeutes peuvent provenir de tout type d’horizons, en général de celui de la santé et/ou de la psychologie. La différence avec les sexologues non médecins c’est que l’approche est plus globale, plus macro (considère les autres aspects de la sexualité plus en détails) et qu’ils ou elles ne peuvent pas prescrire de médicaments.

À noter que les médecins sexologues, sexologues psychologues et sexothérapeutes peinent à se mettre d’accord ces points. Cependant, l’AIUS (Association Inter-Universitaire de Sexologie) rassemble les professionnel.les de la sexologie et font en sorte de poser les cadres du métier. Pour ma part, je trouve intéressant et indispensable pour le bien-être des personnes que l’on accompagne, de travailler main dans la main, car la sexologie est multi-disciplinaire ! (sexologue médecin, sexologue non médecin, sage femme, kiné, psychologue spécialisé.e en addictologie etc.)

Le rôle du ou de la sexologue

La sexologie, littéralement, signifie : l’étude de la sexualité. On sous entend donc qu’un.e sexologue est une personne ayant des connaissances, une expertise dans ce domaine.

série masters of sex

NB ; cela n’a rien à voir avec une expérience personnelle, vécue par le ou la praticienne. On ne demande pas à un.e oncologue d’avoir traversé l’épreuve d’un cancer pour être performant.e dans son métier, n’est-ce pas ? Cela paraît évident, mais certaines personnes peuvent faire des remarques à ce sujet.

Le rôle d’un.e sexologue (non médecin) consiste à accompagner, non pas à donner des conseils ou un mode d’emploi. Le but est de poser des questions pour comprendre ce que la personne en face de nous désire profondément, ce qui la gêne, ce qui lui convient et ne lui convient pas dans le status quo. En posant ces précieuses questions et en en discutant, non seulement la compréhension du ou de la sexologue sera accrue, mais surtout, la compréhension de la personne. C’est donc un chemin qui se fait à deux dans le respect mutuel et la bienveillance la plus totale.

On peut recourir à des séances de sexologie pour des troubles sexuels, comme par exemple :

  • Troubles du désir (libido)
  • Difficultés à ressentir du plaisir et à atteindre l’orgasme (anorgasmie)
  • Douleurs durant les rapports (vaginisme ou autres dyspareunies)
  • Troubles de l’érection
  • Éjaculation précoce
  • Complexe sur la taille du pénis ou la forme de la vulve
  • Rapport à la pornographie

Ainsi que pour entamer un chemin vers une sexualité plus épanouie, même si il n’y a pas de « trouble » à proprement dit :

  • Épanouissement sexuel
  • Exploration sexuelle (nouvelles pratiques, élargissement du champ des possibles)
  • Gestion des changements de la sexualité : post-partum, post-trauma, sénior

Ou encore pour suivre une thérapie de couple. À savoir que c’est une spécialité que tous les sexologues ne proposent pas forcément.

Comment se déroule une séance de sexologie ?

Lorsque que l’on commence des séances de sexologie, on commence par qualifier ce qui ne va pas, ou la raison pour laquelle on consulte. Le but est de faire connaissance, d’apprendre à communiquer l’un.e envers l’autre et de comprendre où on va, mettre en place des objectifs. Traditionnellement, on répond à des questions « standards » que l’on appelle l’anamnèse (situation personnelle, médicale, historique, etc.)

Où se passe les séances de sexologie et combien ça coûte ?

Une séance en sexologie se déroule en physique dans un endroit, un cabinet qui a pour objectif que vous vous sentiez à l’aise, ou en visioconférence. Elle dure entre 30 minutes et 1h et constitue un échange entre vous et le ou la thérapeute. C’est un peu comme une séance chez le psychologue, mais pour parler de sexualité et/ou de couple ! D’ailleurs, cela peut très vite dériver vers des discussions plus générales.

En général, les sessions de sexologie s’inscrivent dans le cadre de thérapies brèves en moyenne (entre 10 et 15 séances). Certaines personnes n’auront besoin que d’une ou deux séances pour répondre à des questions simples, et d’autres vont pousser leur suivi plus loin.

En thérapie, série ARTE

Une séance de sexologie coûte environ 50€ pour les praticien.nes pratiquant les tarifs les plus bas, 60-70€ en moyenne et entre 80 et 150€ pour les tarifs les plus élevés. Les tarifs du Club Kamami, c’est 70€ de l’heure et 45€ la demi-heure de consultation, on applique aussi des tarifs réduits pour les étudiant.es et demandeurs d’emploi. L’assurance maladie ne rembourse pas les séances de sexologie (sauf dans le cas où vous consulter un.e médecin sexologue conventionné), certaines mutuelles commencent à faire changer les choses. Et on leur dit merci d’ailleurs !

Comment le ou la sexologue procède ?

La manière dont le ou la sexologue va aborder votre situation et vous accompagner dépendra de sa personnalité, de ses références, ses expériences et les courants de pensée dont il ou elle se sent le plus proche. Par exemple, vous aurez deux approches tout à fait différentes si vous êtes face à une sexologue psychanalytique (qui s’inspire de Freud notamment) que face à un sexologue systémique (qui s’inspire de Paul Watzlawick, entre autres). C’est à vous de décider ce qui vous convient le mieux.

Si vous allez une ou quelques fois chez un.e sexologue et que cela ne se passe pas bien : cela ne signifie pas que la sexologie ne vous aidera pas. Cela signifie que la relation entre cette personne et vous ne vous convient pas. N’ayez surtout pas peur de tester plusieurs personnes si vous ne trouvez pas la personne qu’il vous faut pour mettre en place cet accompagnement. C’est un peu horrible de comparer les personnes avec des yaourts, mais cela n’est pas parce que vous n’aimez pas les petits suisses à la banane que vous n’aimez pas les yaourts. Nous sommes tous et toutes différent.es, il faut le prendre en compte. Et ça marche pour tous les professionnels de la santé !

Doit-on se déshabiller pour une séance ?

SPOILER ALERT : on ne se met pas nu.e et il n’y a pas d’auscultation lors des séances de sexologie. Si l’on vous propose une auscultation, c’est que vous êtes face à un.e médecin sexologue, andrologue, sage femme ou gynécologue. Il faut savoir que dans d’autres pays, aux États-Unis par exemple, peuvent arriver des observations de rapports sexuels ou même des attouchements dans le cadre des sessions de sexologie (on peut en voir l’exemple dans la série Netflix Sex, Love & Goop). En France, ces pratiques sont interdites par la loi et peuvent mener à des condamnations, et tout.e bon.ne sexologue est au courant.

Quand faut-il consulter un.e sexologue ?

Dès que possible. En fait, si vous vous posez la question de consulter ou non, il y a de grandes chances pour que sauter le pas vous fasse le plus grand bien. C’est intéressant de consulter dès lors qu’on a une curiosité (thérapie dite préventive) ou un trouble sexuel (thérapie dite curative).

En théorie, on considère un trouble sexuel (problème d’érection par exemple) si il répond à deux critères :

  • qu’il génère une souffrance (psychologique)
  • et qu’il dure au moins trois mois.

En pratique, dès que vous ne vous sentez pas à l’aise, n’hésitez pas à consulter rapidement un ou une sexologue pour soit vous rassurer, soit prendre le problème en main dès le début. En tout cas il n’est jamais trop tôt comme il n’est jamais trop tard. Même pris longtemps après, les troubles sexuels font partie des troubles qui se résolvent le mieux : soyez ra-ssu-ré.e.

J’espère avoir répondu à toutes vos questions sur le métier de sexologue et sur le rôle qu’il ou elle peut jouer dans votre vie, n’hésitez pas à m’écrire et à commenter cet article si vous avez des questions ou envie de traiter d’autres sujets.

En attendant, prenez grand soin de vous.

Diane Deswarte, sexologue et fondatrice du Club Kamami.

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