Article n°3 : faire l’amour après une dispute, bonne ou mauvaise idée ?

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Faire l’amour après une dispute : bonne ou mauvaise idée ?

Les disputes font partie intégrante de la vie de couple. Pourtant, il existe un phénomène qui peut poser question : après une confrontation verbale ou une dispute intense, de nombreux couples ressentent une forte envie de faire l’amour.

Ce n’est pas pour rien que l’on parle de réconciliation sur l’oreiller lorsque la dispute se transforme en rapport sexuel.

Ce désir de rapprochement intime après une dispute soulève plusieurs questions :

  • Est-ce une réaction naturelle ?
  • Est-ce une bonne idée de se réconcilier de cette manière ?
  • Est-ce que faire l’amour, c’est abdiquer ?

Dans cet article je vous explique pourquoi cette envie est normale, et ce qu’il faut garder en tête pour éviter de tomber dans son penchant négatif.

Pourquoi a-t-on envie de faire l’amour après une dispute ?

Le ton monte, les âmes s’échauffent, on n’est pas d’accord, on est en colère, on est triste, on dit des choses qui dépassent notre pensée : c’est la DISPUTE.

Parfois, en plein conflit, ou juste après, vous vous retrouvez au lit (ou ailleurs wink wink) pour un rapport sexuel tendre ou passionné.

Sur le papier, ça n’a aucun sens. Mais dans la réalité, tout s’explique.

Peur, colère, désir sexuel : la théorie de l’attribution erronée

Lorsqu’on y regarde de plus près, la peur, la colère et le désir sexuel ont de nombreux points communs :

  • Le rythme cardiaque s’emballe. boum boum boum
  • Le raisonnement peut être biaisé car ce sont les zones réflexes qui prennent la relève.
  • Le taux d’adrénaline monte en flèche.
  • L’attention augmente.
  • La transpiration peut apparaître.

Les émotions telles que la peur, la colère et la frustration sont étroitement liées au système de réponse du corps au stress. Ces émotions intenses activent les mêmes zones du cerveau que celles qui contrôlent le désir sexuel.

Face à ces réactions communes, il arrive que notre cerveau décide tout bonnement de switcher de la colère ou de la peur au désir sexuel. Oupsi.

Et non, vous n’êtes pas branché·e à l’envers.

Non Sam. Pour une fois, tu as tort.

Ce phénomène s’appelle le transfert d’excitation.

C’est quelque chose qui a été étudié dès 1974 par les psychologues Donal Dutton et Arthur Aron. En anglais ils appellent cela la “misattribution of arousal” ou la théorie de l’attribution erronée en français.

Pour analyser cela, ils ont fait deux groupes d’hommes hétérosexuels :

  • Les premiers devaient rejoindre une femme inconnue, chargée (secrètement) de donner son numéro au milieu du vieux pont suspendu de Capilano (on parle d’un pont branlant à 70 mètres d’altitude au-dessus d’un fleuve tout de même).
  • Les deuxièmes devaient se soumettre au même exercice, mais au milieu d’un tout petit pont, qui en plus d’être à moins d’un mètre du sol, était moderne et solide.

Parmi les participants qui se trouvaient en haut du pont vertigineux, 50% d’entre eux rappelleront la belle inconnue**, contre 12%** pour ceux qui avaient emprunté le petit pont solide.

Par cette expérience aussi curieuse qu’excitante, Donald Dutton et Arthur Aron ont prouvé que lorsque la peur (et l’adrénaline) sont présentes, nos sens sont en éveil. Et qui dit sens en éveil, dit sensibilité, attention et excitation accrues.

Le besoin de réconfort et de connexion

Après une dispute, vous avez peut-être l’impression d’être émotionnellement distant·e.

Le sexe devient alors un moyen de rétablir ce lien émotionnel et de vous réconcilier après une dispute.

La réconciliation physique est perçue comme une façon de combler le vide émotionnel. Mais attention, c’est là où ça peut commencer à poser problème.

Parce que notre cerveau, préfère se shooter aux hormones du bonheur déclenchées par une bonne partie de jambes en l’air, plutôt que de parler de charge mentale et de répartition des tâches pendant 45 minutes.

Votre cerveau est accro aux hormones du bonheur

Dans une dispute, le cerveau est saturé d’émotions négatives et de stress. À un certain point, il peut chercher un soulagement rapide et immédiat.

Oh le coquin.

Il sait très bien que lors d’un rapport sexuel (satisfaisant bien sûr), on a droit à tout un tas d’hormones (oui, même sans orgasme) qui nous font du bien, comme la dopamine ou l’ocytocine.

Notre cerveau apprend et associe donc la sexualité à un état de bien-être.

Selon ses branchements, il peut avoir tendance à aller chercher ces bonnes ondes afin de quitter l’état désagréable de la dispute dans lequel il se trouve.

L’objectif ?

Rejoindre un état positif d’apaisement, de puissance ou encore de sécurité.

En somme, le cerveau en a marre de s’engueuler, de recevoir l’hormone du stress, la cortisol, des petites décharges nerveuses et même de perdre le contrôle.

Il décide tout simplement de passer de l’autre côté de la barrière, où l’herbe parait bien plus verte. Et c’est un phénomène normal. C’est même un réflexe sain.

Est-ce normal de faire l’amour après une dispute ?

Oui, c’est normal. rassurez-vous. Avoir un rapport sexuel après une chamaillerie est une réaction naturelle et vous êtes loin d’être le seul couple à vous réconcilier sur l’oreiller.

Mais même si cette pratique est courante, encore faut-il se questionner pour savoir si cela sert réellement à renforcer la relation ou à masquer les véritables problèmes sous-jacents.

Sexe post-dispute : restez tout de même sur vos gardes

Le sexe après une dispute peut faire beaucoup de bien et constitue une manière naturelle de « résoudre » le conflit via un moment passionnel et amoureux très puissant, ou simplement réconfortant.

Vous renforcez des liens émotionnels avec ce moment d’intimité physique. Malgré le désaccord, l’affection et le désir de l’un pour l’autre sont encore là et c’est rassurant.

Et puis un petit shoot d’hormones du bonheur (et un petit ou grand orgasme), ça ne fait jamais de mal.

Cependant : cela ne doit PAS être systématique.

Pourquoi est-ce qu’il faut éviter de toujours terminer au lit après une engueulade ?

Parce que :

  • Proposer du sexe après une dispute peut être un mécanisme de protection, voire de soumission inconsciente. Il est important de ne pas se dire : « Je ne supporte pas cette dispute avec toi, je moffre à toi en échange de l’arrêt du conflit”.
  • Le sexe post-engueulade ne doit pas constituer un moyen de couper court à une discussion ou à un débat que l’on met sous le tapis et qu’on laisse non résolu,
  • Notre cerveau ne doit pas associer la dispute à la sexualité, au risque de déclencher des disputes artificielles pour accéder à un rapport sexuel.

Ce rapport sexuel vous apportera une satisfaction immédiatement et une sensation de rapprochement. Mais, il ne pourra pas résoudre les problèmes qui ont mené à votre prise de bec.

Comment savoir si faire l’amour après une dispute est une bonne idée ?

Chaque couple est unique (et heureusement !), et il n’y a pas de réponse universelle. Cependant, voici quelques questions à se poser pour savoir si faire l’amour après une dispute est une bonne idée.

Le conflit-est il vraiment terminé ?

La réconciliation sur l’oreiller ne doit pas rimer avec problème sous le tapis – et une réconciliation sur le tapis et un problème sous l’oreiller, ça ne fonctionne pas non plus.

Avant d’engager une réconciliation physique, est-ce que vous avez réussi à parler et communiquer sur le problème à l’origine de la discorde ?

En tant que sexologue, je ne dis pas qu’il faut sortir le carnet pour prendre des notes et tout mettre à plat à chaque fois. Par contre, chaque partenaire doit avoir son mot à dire sur le sujet et être satisfait·e de la communication et de la résolution qu’il a pu y avoir.

Est-ce que je suis à l’aise avec l’idée d’un rapport sexuel dans ce contexte ?

Comme je le disais avant, la proposition sexuelle pour se réconcilier ne doit pas être une manière d’éviter le conflit ou de chercher à se faire pardonner.

Il est essentiel que les deux partenaires se sentent à l’aise et consentants. Si l’un des deux se sent forcé·e ou mal à l’aise avec l’idée de faire l’amour après une dispute, cela peut être un signe que c’est vraiment pas une bonne idée et qu’il y a d’autres choses à creuser dans la relation.

Est-ce que ça devient une habitude ou un échappatoire ?

Si à chaque différend vous terminez par faire l’amour et non parler du problème, c’est que la réconciliation sur l’oreiller devient une manière de contourner le problème de fond.

La seule façon d’avancer ensemble, même si vous détestez les conflits, c’est de communiquer. De cette manière vous pourrez être à l’aise avec vos ressentis, vos besoins et vous construirez une relation profonde et saine avec votre partenaire.

Pour conclure, le sexe post-dispute est un phénomène naturel dont vous pouvez profiter sans culpabilité. De plus, avec un tel état hormonal et d’attention accrue, vous allez sans aucun doute passer un très bon moment.

Il ne faut juste pas que cela devienne un réflexe.

Et attention, si à l’instar de l’amour, une bonne partie de sexe peut rendre aveugle, n’oubliez tout de même pas de remettre le sujet (s’il en vaut le coup et que ça compte pour vous) sur la table. De manière apaisée et constructive, toujours.

Vous souhaitez apaiser ces tensions et vous épanouir dans votre couple et votre sexualité ? Prenez RDV avec une sexologue. (Coucou, c’est moi).

Diane Deswarte, sexologue et fondatrice du Club Kamami.

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